lien mère enfant

Je suis convaincu, que nous portons en nous, des mémoires familiales et collectives, qui avant même notre arrivée au monde influencent notre développement psychique. C’est pour cela, que j’ai choisi de m’intéresser à l’impact du transgénérationnel sur le fœtus, ou en d’autres termes, en quoi notre héritage familial, notre histoire, influence le développement psychologique du fœtus ?

L’épigénétique

Depuis plusieurs années, des chercheurs se sont intéressés à la transmission ADN, entre les parents et l’enfant. Ils ont découvert, que certains éléments psychiques (traumatismes), ou environnementaux (consommation d’alcool ou de tabac par exemple), peuvent modifier l’information de notre ADN. Cet ADN, transmis ensuite au foetus, par les gènes, aura un impact sur son développement. Ce phénomène s’appelle l’épigénétique.

L’épigénétique a démontré via notamment les études de Saavedra-Rodriguez et Feig, que l’impact psychique d’un traumatisme, peut venir modifier l’ADN et ce de manière irréversible. Cette information génétique transmise au foetus, lors de la fécondation, peut donc influer sur certains troubles psychiques, tel que des troubles anxieux, à tendance depressives. Cela signifie donc que certains individus, bien que jamais exposés à des traumatismes dans leur vie actuelle, portent en eux les traumatismes de leurs parents, ou grands-parents, et doivent ainsi supporter les conséquences de ces traumatismes qui ne leur appartiennent pas et ce sur plusieurs générations… De manière moins extrême, les traumatismes familiaux transmis au fœtus via les gênes, peuvent avoir un impact sur son développement neuronal, et altérer sa capacité d’apprentissage, relationnel, ou d’orientation dans l’espace.

Roman Barrès, a quant à lui étudié l’implication inconsciente du père dans le développement du foetus ; il s’avère que le mode de vie du père, et son âge ont une influence sur la transmission génétique sur le bébé. Ses études ont ainsi montrées que “la prise d’alcool chronique par le père pouvait entraîner chez l’enfant une cascade d’événements activant des gènes censés rester silencieux, et ce même en l’absence de toute consommation d’alcool par la mère avant et pendant la grossesse. Dans d’autres travaux, des souris dont les géniteurs avaient été exposés à l’alcool étaient plus petits à la naissance, nageaient moins bien, ou avaient du mal à apprendre de nouvelles tâches.”

De ce fait, par le l’épigénétique, le foetus, dispose déjà d’un bagage génétique spécifique, en fonction de l’histoire de ses parents ou de ses aïeuls

Le microchimérisme

En plus de l’épigénétique, d’autres recherches scientifiques, montrent aujourd’hui qu’il y a un échange cellulaire entre la mère et l’enfant, et que l’enfant, porte donc dans ses cellules, une part de sa mère (et donc de ses grands-parents), et de ses frères et sœurs. C’est ce qu’on appelle le microchimérisme. “C’est du non-soi, qui persiste dans notre organisme sous la forme d’une petite quantité de cellules (…), du matériel génétique qui n’est pas le nôtre », explique Maria Sbeih, qui a consacré sa thèse de doctorat à ce sujet.

Pendant longtemps, la communauté scientifique considérait la barrière placentaire comme une frontière imperméable, protégeant efficacement la mère des cellules fœtales. Cette conviction s’est effondrée avec la découverte du microchimérisme, bouleversant notre compréhension des échanges mère-fœtus.

De ce fait, il peut y avoir dans certains cas, des transmissions de mère à enfant, et aussi entre fratrie (microchimérisme fraternel et/ou jumellaire). De ce fait, si l’enfant hérite de cellules d’un foetus qui n’a jamais vu le jour, cela peut donc expliquer des symptômes, tel que des sensations de manque, de ne pas être entier, de ne pas être à sa place, des sensations d’imposture…

La psychogénéalogie

La psychogénéalogie, est une pratique, qui vise à comprendre les évènements, les traumatismes, les comportements, les secrets de nos ancêtres, afin de déceler leurs impacts, leurs répercussions sur notre vie actuelle. Cela peut se manifester sous forme de faiblesses, de troubles, de maladies, de difficultés que nous n’arrivons pas à résoudre… Au contraire de l’épigénétique, où le traumatisme vécu entraine une modification de l’ADN, qui se transmet ensuite à la descendance, la psychogénéalogie, explique des comportements, dont la source n’est pas inscrite dans la génétique, mais plutôt dans les mémoires transgénérationnelles. Ainsi des études réalisées sur des souris, ont montrés que “des souris exposées à des odeurs associées à un danger transmettent à leur descendance la crainte de ces odeur”.

C’est donc dans cette lignée, que la psychiatre et psychanalyste Françoise Dolto avance en 1970 que “ les enfants héritent des troubles non résolus de leurs parents, ainsi que de leurs dettes inconscientes à l’égard des générations précédentes”.

Cela rejoint la théorie de Carl Gustave Jung, affirmant que l’humanité dispose d’une mémoire collective, qui se retrouve dans tout à chacun, et à laquelle nous avons tous accès.

En conclusion, nous pouvons affirmer, que le développement psychique du foetus est un processus particulièrement complexe. En outre l’influence des parents, et de l’environnement exterieur durant la grossesse, le foetus, reçoit aussi des influences transgénérationnelles, qui lui sont transmises soit directement biologiquement par le microchimérisme ou l’épigénétique, soit de manière psychique, et spirituel par les mémoires transgénérationnelles. De ce fait, le nouveau-né, n’est donc pas une coquille vide, et de nombreux comportements se développent alors qu’il se trouve encore niché au creux de sa mère. Le travail psychique est donc un travail de longue haleine qui peut parfois nécessiter de remonter des générations en arrière.

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